Rencontre avec Térez Montcalm, la plus rock des chanteuses de jazz
Mêlant avec grâce rock, folk et jazz, Térez Montcalm, artiste à la voix fêlée et sensuelle, fait partie du cercle très fermé des chanteuses qui possèdent une signature vocale. En d’autres mots, sa voix rocailleuse est reconnaissable dès les premières paroles. Chaque album est l’occasion pour Térez de se mettre au défi de se réinventer. Sur “Step Out”, la chanteuse guitariste, canadienne, change de cap en se replongeant dans la soul music qu’elle affectionne avec une approche moderne. Les standards de la Motown, Marvin Gaye et James Brown mais aussi Elvis Presley l’ont guidée pour ce nouvel opus.
Avec Step Out, Térez a pris un malin plaisir à brouiller les pistes et les partitions à la recherche de nouvelles vibrations tout en gardant son énergie intacte.
Quels sont tes artistes de référence ? Ceux ou celles qui t’ont influencée ?
En numéro 1, Shirley Horn. J’ai enregistré un album hommage à cette chanteuse qui m’a beaucoup inspirée depuis le premier jour où j’ai acheté son album Travelin’ Light, une révélation !
Ensuite, toutes les grandes chanteuses de jazz, Sarah Vaughan, Billie Holiday, mais aussi Sade que j’écoute encore.
Comment composes-tu tes morceaux ? Les paroles en premier et la musique ensuite ou le contraire…
Les deux sont possibles, souvent je pars d’un texte, je m’en imprègne et je trouve des idées à la guitare, une mélodie, mais je peux aussi avoir des phrases dans ma tête, je compose et ensuite je vais chercher à mettre des mots dessus.
Tes paroles semblent inspirées d’expériences personnelles… ou est-ce que tu te glisses dans la peau d’un personnage à la manière d’une actrice ?
Vous avez raison, je parle de choses qui me sont arrivées ou qui me touchent personnellement, je suis incapable de raconter des histoires qui ne me parlent pas, sinon ça ne passe pas… ça coince !
On dit de toi que tu es “la plus rock des chanteuses de jazz”. Es-tu d’accord avec cette accroche ?
Oui, car j’aime le rock, mes frères en écoutaient beaucoup quand j’étais petite et je suis une grande fan d’Elvis aussi, je joue de la guitare, j’aime les pantalons, les boots et les vestes en cuir et les motos ! Donc, oui, je suis assez d’accord !
Ta musique a une énergie très spontanée. Est-ce que l’improvisation a une place importante dans ta manière de travailler ?
J’aime bien avoir des bases bien établies, bien stables et improviser en dedans.
Il ne faut pas avoir l’air de ne pas savoir où on s’en va, il faut toujours pouvoir retomber sur ses pieds.
Il faut trouver un bon équilibre pour que ça marche.
C’est tout un art !
Tu as une grande expérience de la scène, quelle est la clef pour la transcender devant ton public ?
Sur scène, je me sens chez moi ! Et je pense que le public le ressent, j’ai de plus en plus de facilité à connecter avec mon public à faire passer les émotions, à les faire rire, à conter des jokes, je m’amuse de plus en plus sur scène, et je pense que je suis aussi de plus en plus à l’aise. Ça paraît !
C’est l’expérience effectivement. Et aussi j’ai toujours beaucoup travaillé ma voix, je la travaille encore tous les jours, et je pense que ça aide aussi d’avoir une très bonne technique vocale. À part cela, je n’ai pas de recette magique, souvent ça marche et c’est magique ! La magie de la scène !
Tu chantes aussi bien en français qu’en anglais. Comment fais-tu ton choix ?
J’ai été élevée dans les deux langues, mon père était anglophone et ma mère francophone, c’est donc naturel pour moi, après ce sont les chansons qui m’interpellent !
Ton premier album est sorti en 1994. Quel est ton regard sur l’évolution de l’industrie du disque ?
C’est un monde qui a tellement changé qu’on a du mal à s’y retrouver, on aimait à vendre des disques, lire les pochettes, regarder les photos, faire des affiches, il faut s’habituer à ce monde digital, en même temps toute la musique est accessible à tous dans le monde entier et les gens n’ont jamais eu accès et n’ont jamais écouté autant de musique, c’est quand même extraordinaire, on n’a pas le choix, il faut vivre avec son temps, la roue tourne dans le sens des aiguilles d’une montre , on ne peut pas retourner en arrière !
Entre ton album précédent, Quand On S’aime (2015), il s’est écoulé presque dix années. Quelles sont les raisons de cette “pause musicale” ?
Simple, quand on sort un album on le tourne sur scène pendant deux ans, entre la France et le Québec, donc on arrive en 2017, puis on fait un break et on écrit et compose et enregistre un nouvel album, et au moment où l’on est prêt à le sortir en 2019, la Covid arrive et nous bloque pendant près de trois ans car ensuite il y a eu un gros retard dans les sorties d’album, on n’était pas tout seul à avoir subi ce décalage… Tout s’explique ! Je ne suis pas non plus le genre d’artiste à sortir un album tous les ans, chaque chanson me demande des mois de réflexion, et je prépare près de 30 titres pour n’en choisir que 10 ! Sacré job !
Avec ce nouvel album, quelles sont tes ambitions ?
Je viens de terminer une grosse série de dates au Québec, les festival de Jazz, des dates de tournée et le Théâtre Outremont à Montréal le 13 décembre prochain, et ensuite je prépare une tournée en France l’été prochain et l’automne aussi.
Retrouvez Térez Moncalm le 4 décembre à Paris sur la scène du Café de la Danse pour découvrir son dernier album Step Out
Propos recueillis par Juliette Labati
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